Les 1000 premiers jours de notre vie vont de notre conception à l'âge de 2 ans. Ces 1000 premiers jours on ne s'en souvient absolument pas, à tel point que pendant longtemps on a pensé qu'ils n’avaient aucune importance. En réalité ces 1000 premiers jours ont un impact décisif sur notre santé mentale à l'échelle de la vie. Alors comment cette période peut-elle exercer une telle influence et surtout est-il possible d'y remédier ?
Les 1000 premiers jours de notre vie vont de notre conception à l'âge de 2 ans. Ces 1000 premiers jours on ne s'en souvient absolument pas, à tel point que pendant longtemps on a pensé qu'ils n’avaient aucune importance. En réalité ces 1000 premiers jours ont un impact décisif sur notre santé mentale à l'échelle de la vie. Alors comment cette période peut-elle exercer une telle influence et surtout est-il possible d'y remédier ?
Quand on travaille dans le champ du trauma on se pose nécessairement la question suivante : qu'est-ce qui fait la différence entre une personne qui, confrontée à un événement traumatique s'effondre et une autre confrontée au même événement s’en remet plus facilement ? Une des différences entre ces deux personnes est le niveau de stress qu'elles ont connu au cours des 1000 premiers jours de leur vie !
Qu’est-ce qu’il se passe alors de si extraordinaire dans notre cerveau au cours de ces 1000 jours pour que ça ait un tel impact sur notre vie entière ?
Imaginons que les 1000 premiers jours correspondent aux fondations d’une maison, elles sont complètement invisibles une fois la maison construite ; mais essentielles à sa solidité face à l'épreuve du temps ou aux catastrophes naturelles. Ce que l'on va construire dans notre cerveau au cours des 1000 premiers jours, de la même manière, joue un rôle essentiel dans notre solidité face aux épreuves de la vie tout en étant invisible.
Quelle forme prennent les traces laissées par cette période dont on ne se souvient pas ?
Au tout début du développement, notre futur cerveau se limite à quelques cellules. L'exposition à un excès de stress de ces cellules en plein développement est particulièrement toxique. Au dernier trimestre de la grossesse, notre mémoire commence à fonctionner même si le cerveau est encore trop basique pour pouvoir générer des souvenirs et l'expérience qu'on va faire au cours de ces 1000 premiers jours s’emmagasine sous une forme particulière qu'on appelle la mémoire implicite. La mémoire implicite ce sont des sensations, des émotions, qui s'associent entre elles. C'est l'impression émotionnelle globale, le fond émotionnel dans lequel notre vie se développe. Imaginez que vous regardez un documentaire mettant en scène un lion qui marche dans la savane avec une musique classique grandiose qui rend ce lion particulièrement majestueux. Si on prend la même scène mais qu'on change la musique au profit d'une musique de film d'horreur, une musique effrayante ce même lion paraîtra beaucoup plus dangereux. On ne va pas vivre la même expérience. L'impact de la mémoire précoce ressemble exactement à ça ! Au cours de nos 1000 premiers jours on forge notre musique d'ambiance c'est-à-dire notre impression globale du niveau de danger du monde qui nous entoure, on apprend à être plutôt tendu et vigilant ou au contraire calme et confiant et on développe notre capacité à gérer nos émotions.
Cette capacité à gérer nos émotions va se construire petit à petit, à partir de l'expérience répétée qu'on va faire avec les adultes qui s'occupent de nous. Par exemple être apeuré puis rassuré, avoir mal puis être soulagé, être triste puis réconforté. Ces petites séquences de détresse suivies d'apaisement vont se traduire concrètement par la construction de réseaux de neurones. En attendant que le bébé soit capable de gérer ses émotions, les adultes qui prennent soin de lui vont lui servir de prothèse par rapport aux zones encore immatures de son cerveau.
En réalité le cerveau humain est très peu déterminé génétiquement car il est beaucoup trop compliqué, ce qui laisse une grande liberté. Mais bien sûr, si la situation est difficile, une dépression du post-partum (1 mère sur 5 en France), une naissance prématurée ou si nos parents sont mal renseignés au niveau éducation, tout ça va faire que notre maison risque d'être moins solide ! Le fait que notre cerveau soit très peu déterminé génétiquement ça nous rend donc à la fois très vulnérable et extrêmement adaptable. Vulnérables puisque notre développement dépend de la qualité de notre environnement et des aléas de la vie, et adaptable puisque c'est surtout notre environnement qui influence la manière dont notre cerveau se développe, ce qui nous permet de nous ajuster très précisément à cet environnement.
Alors concrètement comment est-ce qu'on fait pour injecter du béton dans des fondations déjà construites et potentiellement trop fragiles ? Comment change-t-on la musique stressante de notre vie pour la rendre un peu plus douce ?
Et bien, heureusement notre cerveau a la caractéristique d’être plastique. Il continue constamment à se réorganiser pour tenir compte des expériences marquantes ou de celles qu'il rencontre. On peut donc compenser l'impact de ce stress très précoce en donnant au cerveau des expériences régulières de sécurité afin de l'inciter à s'adapter en tenant compte de ce que nous vivons aujourd'hui plutôt qu'en le laissant calibrer sur le stress du passé. Ces expériences répétées peuvent être fournies par toutes sortes d'activités qui font ressentir à notre corps une expérience de plaisir et de sécurité (sport, immersion dans la nature, méditation etc.). Ces activités doivent être répétées régulièrement pour faire durablement évoluer notre cerveau et l'inciter à en tenir compte et à s'y adapter. En effet, notre cerveau fonctionne à l'économie et ne va se réorganiser que s'il est sûr que ce qu'il expérimente va durer et que ça vaut la peine de s'y ajuster.
Ainsi, prendre soin de votre vie émotionnelle améliorera votre vie personnelle et influencera aussi positivement celle de votre enfant ! Les parents pour une fois profitez-en pour prendre soin de vous régulièrement sans culpabiliser et si ça s'avère difficile, des professionnels peuvent être là pour vous soutenir.
Evidemment c'est facile à dire, pas si facile à faire. Ce qui peut nous aider, c'est de prendre conscience que nous aussi nous avons été bébé. Cette période peut avoir été facile ou au contraire stressante pour nos parents et donc pour notre propre cerveau. Or, grâce à la mémoire implicite, ce bébé que nous avons été est en quelque sorte encore là, à l'intérieur de nous et c'est à nous d’en prendre soin aujourd’hui.
A votre avis, qu'est-ce que ça changerait dans le monde si chacun d'entre nous se mettait à vivre en prenant soin ce bébé en lui ? inspiré par Johanna Smith
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